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Médiathèque en réseau

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Type: Réseau non marchand
Liste


Une médiathèque en réseau, ou médiathèque réticulaire, est un réseau ouvert, transparent et décentralisé de personnes qui partagent des médias, en se les prêtent ou en se les donnant gratuitement et librement entre elles.

Elle constitue un ensemble décentralisé et interconnecté d'espaces privés ou publics permettant la consultation et le prêt gratuits de médias (CD, K7, tableaux, livres, documents divers, supports numériques...). Chacun peut être prêteur ou emprunteur mais ''aucune contre-partie ne doit être demandée pour un prêt ou un emprunt.

Tableau récapitulatif des caractéristiques d'une médiathèque en réseau

Libertéa/ Il n'est pas nécessaire d'emprunter pour prêter, ni de prêter pour emprunter, b/ celui ou celle qui propose des livres n'est pas obligé(e) de les prêter et les prête à qui il veut (la discrimination est possible).
GratuitéLes membres du réseau ne doivent pas exiger une contre-partie définitive (possibilité d'exiger une caution) pour le prêt ou l'emprunt d'un média.
OuvertureL'entrée dans le réseau est gratuite et non-discriminante.
TransparenceLes informations sur les ouvrages à prêter - les listes - sont publiquement disponibles et sous licence libre (ou données ouvertes).

Concrètement, des personnes indiquent aux autres les médias qu'elles prêtent, via une ou plusieurs listes publiquement accessibles - en général, par Internet. La liste est généralement centralisée, d'où l'importance du principe d'open data qui permet de forker.

Participer concrètement

La mise en place est très simple. Dans une étagère, chez soi ou en extérieur, au mieux dans un lieu facile d'accès, certains livres sont disponibles en prêt ou en don. Un espace numérique est alors très pratique pour se rappeler à qui on a prêté un média et mettre en ligne son "catalogue".

Exemples

Les réseaux de passe-livres (bookcrossing, CDCrossing) sont les plus connus. Quelques exemples:

Le prêt décentralisé est plus rarement pratiqué, mais il peut s'insérer dans un réseau non-marchand axé sur le prêt. Exemple :

Différences entre une médiathèque réticulaire et une médiathèque classique.

  • La médiathèque en réseau ne stocke pas les médias dans un seul lieu, ou dans un nombre très restreint de lieux ; les médias sont répartis chez l'ensemble des participants au réseau.
  • La médiathèque en réseau est gratuite, ouverte et non-discriminante. Ce qui n'est pas le cas pour de nombreuses médiathèques - en particulier les médiathèques universitaires et associatives.
  • Les conditions de prêt peuvent être variables ou arrêtées collectivement.
  • Les médias ont de nombreux propriétaires.

Avantages probables d'une médiathèque réticulaire.

Ce ne sont bien sûr que des hypothèses !

La quantité de médias disponibles est probablement plus importante.

Malheureusement, les statistiques sur le sujet sont plutôt rares. Il existe bien une enquête gouvernementale, mais elle ne porte que sur 100 foyers et s'appuie sur un questionnaire. Or, d'un point de vue méthodologique, on peut penser qu'il est difficile pour un questionné d'évaluer, sans une observation directe, le nombre de livres qu'il possède. D'autant plus que le comptage de visu n'est pas simple. Il faudrait, à ce titre, pouvoir déterminer l'écart entre la quantité de livres qu'une personne estime posséder et la quantité qu'elle possède réellement. Il est probable que cet écart varie notablement selon le contexte dans lequel la question est posée.

Sans compter que la possession est elle-même liée au contexte (on peut posséder un livre sans qu'il soit chez soi). En analysant des réponses sur des forums internet, on constate que la question de la possession des livres n'est pas toujours tranchée. Faut-il inclure tout le foyer ? Les livres dans les caves, les greniers, les résidences secondaires ? Les livres en transit en attente du déménagement d'un enfant ? De plus, que recouvre la catégorie "livres" ? Faut-il inclure les magazines, les encyclopédies ? Et faut-il tenir compte de la taille des livres ? Du nombre de caractères ? Faut-il alors calculer la quantité de livres en poids, en volume ? D'autres failles sont mentionnées dans un article d'Anne-Marie Bertrand, "Comment les Français lisent-ils ?", BBF, n°4, 2003. Quoi qu'il en soit, l'enquête révèle que si 40% des foyers croient posséder au moins 100 livres, 22% pensent en posséder plus de 200. Ce qui ne nous informe guère sur la quantité de livres - probablement - possédés par les gros détenteurs de livres. Or, celle-ci est certainement très importante. Par exemple, un sondage internet révèle que sur les 72% des personnes qui pensent posséder au moins 100 livres, 13% croient en posséder plus de 1000. Une modeste statistique établie à partir de l'observation de forums Internet1 permet d'établir un ordre de grandeur très approximatif. Le nombre de livres moyen que les internautes déclarent posséder est de 600.2.

Sur la base de ces informations, on peut raisonnablement supposer que chacun possède, à son domicile, en moyenne, plus de 200 livres. En multipliant ce chiffre par 1000, on obtient 200 000 livres à prêter pour 1000 personnes. Avec une bonne dose d'optimisme, on pourrait penser que 1% des personnes seraient d'accord pour mettre à disposition leur médiathèque. Ce qui correspondrait à une ville de 100 000 habitants. Ce qui est bien supérieur aux collections proposées par les bibliothèques publiques 3.

L'estimation est loin d'être fantaisiste. Prenons le fameux réseau d'hospitalité http://couchsurfing.com. Le site indique que Bordeaux comprend 17 131 hôtes au 14 février 2015. La population de l'aire urbaine de Bordeaux étant estimée à 1 105 257 habitants en 2008, on en déduit que 1,5% de la population peut proposer un service gratuit d'hébergement. Une grande incertitude pèse toutefois sur cette estimation : a/ Certains comptes sont probablement inactifs (comptes "fantômes"), b/ Il se peut que certains utilisateurs, bien qu'actifs, utilisent leur compte essentiellement pour trouver un hébergement. Toutefois, une telle hypothèse est douteuse si on la rapporte au fait - qui demanderait certes à être vérifié mais que je connais par expérience - que ceux qui prennent en stop sont souvent d'anciens auto-stoppeurs., c/ Il faudrait pouvoir mesurer, non pas la disponibilité potentielle, mais la disponibilité réelle. Par exemple, en mesurant le "taux d'acceptation" qui fait suite à une demande d'hébergement (réponse positives / demande, réponses positives de comptes actifs / demande, et idéalement, réponses positives de comptes actifs / demande adaptée aux critères d'acceptation déterminés par les hôtes). Autant de limites qui sont à nuancer par l'existence d'autres sites proposant des services d'hospitalité : http://bewelcome.org, http://hospitalityclub.org, par exemple.

Et il ne faut pas limiter le raisonnement exclusivement aux livres. Prenons les DVD. Un sondage réalisé sur un site d'amateurs de DVD donne un résultat significatif. 60% des sondés déclarent posséder au moins 500 DVD. Mais il s'agit là d'amateurs de DVD. L'enquête gouvernementale réalisée en 2008, et qui prend un échantillon plus vaste, montre quant à elle que 38% des personnes interrogées déclarent posséder au moins 30 DVD et 30 K7 VHF. Une statistique réalisée à partir de réponses à des sondages amateurs sur des forums donne une moyenne de 700 DVD ou BR. Même s'il s'agit d'une estimation haute, entachée d'un biais de sélection majeur, elle suggère tout de même qu'il existe un fort réservoir de médias potentiellement disponibles pour du prêt.

Le coût de gestion et d'usage est largement inférieur ou tout au moins réparti entre les usagers.

Ce qui est lié à plusieurs facteurs. Le faible coût de construction, modification et publication de la liste. Les coûts de stockage, d'échange sont répartis dans le réseau. Les "coûts bureaucratiques" engendrés par une structure centralisée, ainsi que les coûts de maintenance (salariés, comptage, inventaire, suivi et récupération des objets prêtés) sont à priori plus faibles en valeur absolue.

Le principe d'échange est le volontariat et non la contrainte.

A deux niveaux. a/ le choix des médias proposés est libre, b/ le financement est libre, ce qui n'est pas le cas des médiathèques financées par l'impôt (ce qui est en France, l'écrasante majorité).

Il est possible que le catalogue soit plus diversifié.

Cependant, c'est un point largement incertain.

Le système permet d'optimiser l'usage de nombreux livres qui "dorment" dans les maisons.

De ce point de vue, il bénéficie très probablement des avantages qui sont - probablement - propres aux réseaux de partages ouverts, non-marchands et décentralisés (optimisation économique et écologique).

Problèmes.

  • Gestion du site, mise en réseau, listes. Un dispositif facilitant de ce type sur Internet ne pose pas de problèmes majeurs. La démocratisation des outils participatifs et des outils de gestion des bases de données rend un tel projet réalisable. On peut même envisager une gestion par les internautes.
  • Limites liées à la possibilité de choisir à qui l'on prête. C'est une limite à l'universalité du service.
  • Incitation. Comment inciter les possesseurs de médias à les prêter, et, symétriquement, les non possesseurs à les emprunter. Plusieurs pistes sont envisageables. D'abord, il importe de faire connaître l'existence de tels dispositifs et d'en normaliser l'usage - par exemple en informant sur les avantages de la mutualisation, en particulier le retour indirect pour celui qui prête. Ce qui prend nécessairement du temps. Ensuite, le risque de non-retour du média peut être compensé par le versement d'une caution. Enfin, peut-être faut-il favoriser le caractère "communautaire" de ce type d'échanges à travers divers dispositifs.
  • Interdiction de prêt. En France, et peut-être plus généralement dans la grande majorité des pays frappés par le dispositif du droit d'auteur ou le régime du copyright, l'interdiction de prêter en dehors du cercle familial (en général défini de manière très vague), et ceci même à des fins non-marchandes, touche de nombreux biens culturels. Les films et la musique sont par exemple concernés. La directive européenne n°92-100 du 19 novembre 1992 va notamment dans le sens d'une limitation du droit de prêt pour le propriétaire d'un bien culturel4. En France, c'est le Décret n°2004-920 du 31 août 2004 qui régit le droit de prêt pour les bibliothèques5.

Liens

Notes

1 Il n'est sans doute pas nécessaire de s'attarder sur les limites de cette étude, tant celles-ci sont nombreuses. Mentionnons toutefois un plus par rapport à la méthode questionnaire : les internautes peuvent généralement - ce qui semble assez réaliste étant donné le taux d'équipement numérique en France - compter leurs livres avant de répondre

2 Quelques sites visités : http://forum.hardware.fr/hfr/Discussions/Arts-Lecture/bibliotheque-combien-livre-sujet_75204_1.htm, http://www.guidelecture.com/forum/forum_posts.asp?TID=1594 http://www.lecteurs.com/discussion/66354, http://buffy-is-not-dead.forumactif.com/t4269-combien-de-livres-possedez-vous, http://forums.france2.fr/france2/livres/combien-livres-possedez-sujet_3794_7.htm, http://www.pratiquesculturelles.culture.gouv.fr/doc/08questionnaire.pdf http://espoir.jeun.fr/t2277-combien-de-livres-possedez-vous.

Je note au passage qu'une question assez fréquente sur les forums Internet est la part de livres lus dans les bibliothèques. Question intéressante, car elle renvoie à celle des usages et des non-usage. Question complexe également, car le type de lecture varie suivant la fonction de l'ouvrage. Certains livres sont juste consultés, notamment les livres utiles. Quant aux romans, ils peuvent être commencés puis arrêtés en cours de route. Il n'est pas rare, non plus, que des livres soient lus plusieurs fois - en particulier les magazines et les bandes-dessinées. Et que dire des livres de collection, dont la simple possession satisfait le collectionneur ; ou les livres "d'apparat", utilisés pour la décoration ; les livres ostentatoires, dont la fonction principale est la distinction sociale. Quant aux comportements de cession ou de destruction après usage, les témoignages sur les forums laissent à penser qu'ils sont variables. Le livre peut être jeté, donné à des associations, revendu, gardé.

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