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Objectifs

Le boomerang est un projet d'espace de gratuité mobile qui poursuit quatre objectifs :

favoriser un changement social endogène sur le territoire où il circule (développement avec, par et pour le milieu) ;
inventer et expérimenter de nouvelles manières de faire de la prévention spécialisée ;
promouvoir et développer la sphère non-marchande et la culture libre ;
construire des passerelles entre ces différentes domaines à travers une démarche de recherche-action participative.

La philosophie qui anime ce projet est de créer et pérenniser des alternatives non-marchandes, autonomes et autonomisantes, dont les habitants des territoires où il circule, jeunes et moins jeunes, doivent pouvoir se saisir afin de construire un meilleur avenir et agrandir l'espace des possibles.

Portée et visée de la charte

Cette charte s'applique au projet d'espace de gratuité mobile, c'est à dire l'espace de gratuité en tant que tel (objet physique) mais aussi à toutes les actions qui vont pouvoir y trouver place ou s'y rattacher : proposition d'activités, déplacement, maintenance, recherche, don, amélioration, communication, « prosélytisme », etc.

Si autant d'actions sont possibles, c'est que 1) le projet se focalise sur la façon dont on échange et non sur ce que l'on y échange, 2) il est au croisement de cultures dont le point commun est d'être facilitantes et non contraignantes : il vise à faire en sorte que le champ des actions possibles soit le plus étendu, afin que chacun puisse s'épanouir en créant, proposant ou trouvant celle qui lui convient le mieux. Il s'agit ainsi d'élargir, à partir de ce qui est « déjà là », les possibilités de chacun à prendre en main son environnement, dans un esprit de partage et d'ouverture.

Comment réaliser de tels objectifs ensemble ? La présente charte propose d'énumérer quelques grands principes permettant de définir le cadre normatif à l'intérieur duquel les actions devraient se dérouler.

Principes fondamentaux

Toutes les activités (usage, acquisition, proposition d'ateliers, participation, modification, maintenance, prise de parole, décision, etc.) réalisées au sein de l'espace de gratuité mobile, ou en lien avec lui, devraient si possible respecter les critères suivants.

Non-fermeture (ouverture)

Les activités doivent être ouvertes à la participation de tout un chacun ; ou, si ce n'est légalement ou physiquement pas possible, il faut trouver des moyens de maximiser la possibilité de participation¹.

Cette maximisation passe, de fait, par la possibilité de se saisir du maximum d'éléments matériels liés à l'espace de gratuité, en privilégiant par ordre croissant : 1. l'usus ou le transfert d'usage (regarder, toucher, faire usage), 2. le fructus (tirer bénéfice d'une activité réalisée), 3. l'abusus (acquisition d'un objet).

Exemple : il doit être possible de donner, prêter et prendre les affaires qui se trouvent dans l'espace de gratuité mobile, sans aucune discrimination sur la personne ou le type d'objets. De même, les prises de décisions concernant l'espace de gratuité devraient être ouvertes à un maximum de personnes. Ou encore, les activités doivent être multi-niveaux et non-discriminantes. Enfin, les produits immatériels des activités devraient si possible être proposés au public sous licence de libre-diffusion (maximisation de l'usus).

Non-obligation (liberté)

Toute personne devrait être libre de réaliser les dites activités sans obligation² :

Non-obligation d'entrée ou de sortie dans « l'échange ».
- On ne doit pas être contraint de réaliser une activité.
- On doit pouvoir en sortir facilement (libre-adhésion). L'activité ne doit pas induire de dépendance.
Non-obligation de retour à l'intérieur de l'échange (gratuité). Une personne qui participe, qui prend ou utilise un objet, par exemple, ne doit pas être contrainte de redonner quelque chose en retour.

Non-directivité

Toute personne devrait pouvoir participer à une activité sans être guidée ou dirigée par une autre à priori. L'espace de gratuité mobile est donc un espace de libre création :

Modération à posteriori. La modération des activités doit si possible se faire à posteriori et non à priori, afin que toute personne motivée réalise les activités comme elle le souhaite.
Relativisme. Être non-directif, c'est accepter l'autre dans ses différences, tolérer qu'il puisse avoir une vision du monde différente de la nôtre.
Non-professionnalisme. Pouvoir faire les choses différemment, en dehors des cadres du travail, de l'argent, sans obligation de professionnalisme, est essentiel pour développer des formes d'action inédites et libres dans lesquelles chacun.e est susceptible de s'épanouir.
Règles évolutives. Les règles qui prévalent dans l'espace de gratuité mobile doivent pouvoir évoluer en permanence.

Priorisation des ressources

Les activités réalisées au sein de l'espace de gratuité mobile devraient privilégier quand c'est possible les ressources :

Endogènes.
Auto-produites (faire soi-même).
Libres et gratuites.

Non-violence (confiance)

Les activités au sein de l'espace de gratuité mobile doivent être résolument non-violentes en promouvant :

La confiance et l'empathie³,
Le droit à l'erreur⁴.

Notes

1 [^La participation effective peut aussi être maximisée, quand cela s'avère nécessaire, dans cet objectif – par exemple, si une activité requiert la participation de plusieurs personnes. Ex: partie de cartes à plusieurs. ⇑

2 Obligation au sens d'obligation contractuelle, de dette, de menace, de coercition, de chantage, etc. ⇑

3 Se méfier d'une personne, c'est déjà lui faire ressentir une forme de « violence ». Rompre ce processus, supposer qu'une personne va faire les choses correctement sans qu'on la dirige, sans qu'on la repousse, requiert de lui faire confiance. Cette attitude ne va pas de soi. Elle requiert que l'on fasse preuve d'empathie à l'égard d'autrui, que l'on sache se mettre à sa place et comprendre ce qui le motive. ⇑

4 Pour mettre l'autre en confiance et lui permettre de participer librement, il faut accepter que celui-ci puisse commettre des erreurs. ⇑

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