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Le transport gratuit est une pratique non marchande qui consiste à proposer gratuitement un service à une ou plusieurs personnes. Une pratique bien connue du transport gratuit est l'auto-stop. Gratuité des transports en communLa gratuité des transports en commun peut être financée par les autorités nationales, régionales ou locales par le biais de la fiscalité ou par des entreprises par le biais d'opérations de sponsoring. Les objectifs de la gratuité des transports en commun peuvent être sociaux, économiques ou environnementaux1. Plusieurs villes à travers le monde ont instauré la gratuité totale ou partielle de leur réseau de transports en commun. TypesGratuité totale des transports en communPlusieurs villes européennes de taille moyenne et de nombreuses petites villes à travers le monde ont instauré la gratuité totale des transports en commun, que ce soit à l'échelle communale ou à l'échelle d'une agglomération. En France, en 2012, 23 réseaux sur 290 appliquent la gratuité intégrale, essentiellement des petites villes2. Selon le GART, l'association française regroupant la quasi-totalité des autorités organisatrices de transports, si la gratuité des transports publics en France reste minoritaire, elle séduit un nombre croissant d’agglomérations, majoritairement de moins de 50 000 habitants3. Sur la période récente, des villes de taille moyenne à grande sont passées à la gratuité totale de leur réseau de transports publics, comme Compiègne4 mais aussi Aubagne en France ou Tallinn5, la capitale de l'Estonie. Gratuité partielleDe manière plus commune, certaines villes dans le monde mettent en place une gratuité partielle des transports en commun, sur des lignes de bus ou de tramway particulières. Cette gratuité partielle peut permettre de réduire les goulots d'étranglement dans le système de transport, en particulier la congestion automobile, en favorisant le report modal vers les transports en commun. C'est le cas à Singapour par exemple, dont les lignes de métro du centre ville sont gratuites aux heures de pointe6. Aux États-Unis, plusieurs villes ont mis en place une gratuité partielle des transports en commun réservée au centre-ville ou à certains quartiers, comme à Miami, Salt Lake City, Pittsburgh, Seattle ou Baltimore7. Parfois, certaines villes décrètent provisoirement la gratuité des transports en commun lors d'un pic de pollution, comme cela a pu être le cas en 2014 en Île-de-France8 ou à Lyon, Dijon et Grenoble9. La gratuité des transports en commun est aussi utilisée dans le cadre des services offerts par une entreprise, comme un centre commercial10 ou par un établissement public, comme un hôpital, une université ou un aéroport, qui peuvent mettre en place des navettes gratuites. La gratuité peut parfois être mise en place pour certains services de transport afin d'éviter la construction d'une infrastructure de transport coûteuse ou difficilement réalisable. Ainsi, les villes portuaires où la circulation des navires nécessiterait la construction de très hauts ponts peuvent parfois mettre en place des services de ferries gratuits, comme à Amsterdam par exemple. Ces ferries peuvent être gratuits pour les usagers, tout comme l'utilisation d'un pont aurait pu l'être11. De nombreux systèmes de transport installés dans des lieux publics comme le métro ou les centres commerciaux peuvent également être considérés comme du « transport gratuit » : ascenseurs, escaliers mécaniques et trottoirs roulants sont souvent fournis par les propriétaires et financés par la vente de biens et services. Un exemple courant de transport en commun gratuit est le transport des élèves, où les enfants se rendant à l'école n'ont pas besoin de payer. À la rentrée 2012 en France, 28 conseils généraux finançaient à 100 % la gratuité des transports scolaires, tandis que sept autres prenaient à leur charge entre 95 et 99 % des coûts. Tous les autres participaient à hauteur de 50 à 94 %12. Par ailleurs, de très nombreuses villes proposent une gratuité partielle de leur réseau de transports en commun, pour certaines catégories d'usagers, en fonction de leurs revenus, de leur âge ou de leur situation professionnelle. AvantagesAvantages opérationnelsLa gratuité du transport permet de réduire les coûts d'équipement et les frais de personnel, car certaines tâches comme la perception ou le contrôle des voyageurs ne sont plus nécessaires. L'augmentation de la demande qui résulte de la gratuité conduit par ailleurs à une augmentation de la fréquence des passages à condition que l'instauration de la gratuité s'inscrive dans un projet d'amélioration du transport public porté par la municipalité ou l'agglomération. Un autre avantage de la gratuité réside, selon le maire d'Aubagne qui l'a mise en place en 2009, dans la baisse drastique de la délinquance dans les transports de l'agglomération, et l'absence quasi-totale des grèves de conducteurs, cauchemar des élus13. La gratuité permet également de réduire le temps d'embarquement et d'arrêt aux stations par rapport à des systèmes où une partie des passagers achètent les billets auprès du conducteur. Avantages commerciauxCertains services de transport gratuit sont financés par des entreprises privées (comme les commerçants dans un centre commercial) dans l'espoir que cela augmente les ventes ou autres revenus provenant de l'augmentation de la fréquentation. Les employeurs proposent parfois des navettes gratuites comme un avantage pour leurs employés, ou dans le cadre d'un accord avec les autorités locales. Par ailleurs, il apparaît que les recettes commerciales, c'est-à-dire la vente de titres de transport, représentent une très faible part du financement des transports en commun, allant d'en moyenne 15 % pour les petites agglomérations à 23 % pour les plus grandes agglomérations de France14. Selon ses partisans, la gratuité des transports en commun n'est pas si coûteuse qu'elle semble l'être. Tout d'abord, elle permet de faire des économies car il n'y a plus de frais de billetterie ni de contrôle. Ensuite, il semblerait que dans certaines agglomérations les recettes de billetterie soient inférieures aux frais de perception15. Enfin, pour beaucoup de villes moyennes, la gratuité des transports en commun apparaît comme un levier pour redynamiser leur centre-ville concurrencé par les zones commerciales périphériques16. En ce sens, la gratuité peut participer au développement de l'activité commerciale du centre des villes. Avantages collectifsLe transport gratuit peut rendre le système de transport plus accessible et équitable pour les habitants à faible revenu. Il peut également provoquer des changements qui transforment le rapport des usagers au transport, avec l’effacement des barrières sociales, l’apaisement des tensions, la reconnaissance vis-à-vis du travail des conducteurs et la fin des contrôles17. De manière générale, la gratuité des transports en commun provoque une augmentation importante de la fréquentation, montrée en 2002 dans un rapport de l'ADEME18. Ainsi, à Châteauroux, la gratuité totale a entraîné une hausse très importante de la fréquentation de +100 %. Cette hausse s’est concentrée pour une bonne part sur les 6 premiers mois de la mesure (+ 70 %) et a quasiment atteint son asymptote au bout de 2 ans. Un autre avantage de la gratuité réside dans le report modal, c'est-à-dire le passage de l'automobile aux transports en commun pour un certain nombre d'usagers. Toujours à Châteauroux, il a pu être ainsi estimé que ces reports modaux se sont effectués principalement au détriment de la voiture et, moindrement, de la marche. Au total, 3000 déplacements en voiture par jour se sont reportés sur le bus<ref name=ademe/>. À Aubagne, la fréquentation des bus a augmenté de 170 % un an après la mise en place de la gratuité et 63 % des trajets directement générés par la gratuité sont effectués par des personnes qui sinon auraient pris leur voiture19. D'autres avantages sont les mêmes que ceux attribués au transport public en général, mais accrus du fait de l'augmentation de la fréquentation20 :
InconvénientsPlusieurs grandes municipalités nord-américaines ont tenté la gratuité des transports en commun, mais beaucoup de ces tentatives ont été infructueuses. Aux États-Unis, un rapport de 2002 du Centre national de la recherche sur les transports indique que, tandis que le nombre d'usagers a tendance à augmenter avec la gratuité, quelques inconvénients sérieux peuvent se poser21.
Perceptions et analysesEn milieu urbain, l’automobile mobilise en général 80 à 90 % des budgets publics consacrés aux déplacements (pour l'entretien des infrastructures routières notamment), les transports collectifs seulement 10 % environ. Dans ce contexte, un basculement sur les transports collectifs d’une partie des crédits affectés à l’automobile pourrait permettre de financer à la fois la gratuité des transports publics et l’augmentation de l’offre. La question décisive du transport public gratuit semble en fait tourner autour de la notion du « coût » et du financement du dispositif. Si l'ensemble des réseaux de transports publics urbains français devenaient gratuits, il est possible d'estimer le coût total à l'échelle française de l'ordre de 3 à 4,5 milliards d'euros par an22. Dans les villes qui ont instauré la gratuité – comme c'est le cas pour les villes françaises – les fonds nécessaires pour payer ces services proviennent principalement des employeurs et des collectivités locales. En effet, le financement de la gratuité des transports publics à l'échelle des villes ou agglomérations passe soit par une augmentation des impôts locaux, soit par une augmentation du versement transport, une taxe à laquelle les entreprises sont assujetties dès lors qu’elles ont plus de neuf salariés23. Selon certains groupes de défense progressistes, comme le réseau suédois Planka.nu, la gratuité prend place dans un système classique de redistribution des richesses basé sur la solidarité, l'impôt et la cohésion sociale24. Pour certains objecteurs de croissance comme Paul Ariès, la gratuité est l'interdit majeur du capitalisme. Puisque tout est marchandise, puisque la vénalisation est absolue, il énonce que c'est donc de l'extension du champ de la gratuité que nous devons partir25. Pour d'autres, comme le mouvement Carfree, il est possible de financer la gratuité de l'ensemble des réseaux de transports publics urbains en taxant le système automobile. Ainsi, le seul alignement du prix du gazole sur le prix de l’essence permettrait de financer largement la gratuité des transports publics urbains. La population de Tallinn en Estonie était largement favorable à la gratuité des transports publics, qui a été approuvée par 75,5 % des habitants lors d'un référendum qui s'est tenu en 201226. À l'inverse, la population de Genève, en Suisse, a rejeté à 67,2 % une initiative en faveur de la gratuité en février 200827. Pour l'UTP et la FNAUT, la gratuité pourrait mettre en péril le financement des transports en commun, en particulier le développement de l'offre. Par ailleurs, l'UTP estime que la gratuité est associée à l’absence de valeur, et par contre coup, ne force pas le respect28. Ces associations estiment également que la gratuité des transports en commun n'est pas une demande des utilisateurs des transports publics29. Jean Sivardière, ancien président de la FNAUT, est sceptique sur la possibilité d'un report significatif de l'automobile vers les transports en commun dans les villes où la gratuité est mise en place30. Sur le plan politique, il est difficile de connoter la gratuité des transports publics, qui a été mise en place par des élus de l’ensemble de l’échiquier politique (de l’UMP à Compiègne au PCF à Aubagne). Lors des élections, en particulier municipales, la proposition de la gratuité peut être portée à la fois par des listes de gauche comme de droite31. Albert Jacquard a apporté sa contribution au débat sur la gratuité des transports en commun lors d'un entretien à la radio diffusé le 24 septembre 199332 : Liste des villes ayant mis en place la gratuité des transports en communNotes1 Transports : "La gratuité ne suffit pas à rendre un réseau attractif", Le Monde, 12 septembre 2013 ⇑ 2 La gratuité, un projet de société: Rôle pilote des villes moyennes, Le Monde diplomatique, octobre 2012 ⇑ 3 http://www.gart.org/content/download/25369/246594/file/Position%20GART_La%20gratuit%C3%A9%20dans%20les%20transports%20publics.pdf ⇑ 4 ARC - Compiègne - TIC : les bus gratuits ! http://www.agglo-compiegne.fr/TIC.aspx ⇑ 5 http://ec.europa.eu/environment/ecoap/about-eco-innovation/good-practices/estonia/20130617-capital-of-free-public-transport_fr.htm Tallinn devient la « capitale des transports publics gratuits », Commission européenne, 17 juin 2013 ⇑ 7 List of cities that currently provide public transport for free, freepublictransports.com ⇑ 8 Pollution : les transports en commun gratuits en Ile-de-France, Le Monde, 13 mars 2014 ⇑ 9 A Lyon, Dijon et Grenoble, les transports en commun gratuits, Libération, 14 mars 2014 ⇑ 10 Angers. Découvrez la navette électrique de L'Atoll en avant-première, Ouest-France, 31 mars 2012 ⇑ 11 IJ Ferries (IJveren), amsterdamsights.com ⇑ 12 Les départements remettent en question la gratuité des transports scolaires, mobilicites.com, 7 septembre 2012 ⇑ 14 L'année 2009 des transports urbains, Gart, 2010 ⇑ 15 Et si les transports devenaient gratuits?, France Info, 26 janvier 2014 ⇑ 16 Des bus à l’œil, Kaizen Magazine, 26 juillet 2013 ⇑ 17 Voyageurs sans ticket, liberté, égalité, gratuité, Jean-Louis Sagot-Duvauroux et Magali Giovannangeli, Éditions Au Diable Vauvert, 2012 ⇑ 18 La gratuité totale des transports collectifs urbains: effets sur la fréquentation et intérêts, Bruno Cordier, Rapport final du PREDIT 3 (Programme de Recherche et d’Innovation dans les Transports Terrestres), ADEME, 2007 ⇑ 19 L’hérésie joyeuse de la gratuité, Jean-Louis Sagot-Duvauroux, Libération, 26 février 2014 ⇑ 20 Mieux miser sur le transport en commun, Le Devoir, 3 octobre 2006 ⇑ 22 Le tournant des transports publics, carfree.fr, 29 octobre 2014 ⇑ 23 Des transports gratuits ? En voilà une riche idée !, terraeco.net, 14 septembre 2012 ⇑ 25 Paul Ariès, Le Mésusage, essai sur l'hypercapitalisme, éd. Parangon/Vs, 2007 ⇑ 26 Gratuité à Tallinn: l'heure du premier bilan, Shahinez Benabed, Bus & Car : Transport de voyageurs, numéro 954, 6 juin 2014. ⇑ 27 http://www.swissinfo.ch/fre/gen%C3%A8ve-dit-non-%C3%A0-la-fum%C3%A9e-passive-et-aux-transports-publics-gratuits/6457888 Genève dit non à la fumée passive et aux transports publics gratuits, 24 février 2008 ⇑ 28 Dix raisons de proposer une tarification solidaire des transports urbains et de ne pas céder aux sirènes de la gratuité, Communiqué de presse 27 janvier 2014 ⇑ 29 http://www.utp.fr/images/stories/utp/Position-Gratuite-Fnaut-UTP-4p.pdf|titre=« Pour un développement durable du service de transport public, non à la gratuité totale » Fnaut-UTP 9-10 janvier 2014 ⇑ 30 http://www.reporterre.net/Et-si-la-gratuite-des-transports-n Et si la gratuité des transports n’était pas une bonne idée ? Jean Sivardière (ancien président de la FNAUT) 18 avril 2014 consulté le=2 juin 2015 ⇑ 31 La gratuité des transports en commun, thème en vogue chez les candidats aux élections municipales, Les Échos, 3 mars 2014 ⇑ 32 Rediffusé sur France Culture le 27 septembre 2013, À voix nue : Albert Jacquard (5/5) - Hommage, 19'27'' [[http://www.franceculture.fr/emission-a-voix-nue-albert-jacquard-55-hommage-2013-09-27] | et http://www.franceculture.fr/player/reecouter?play=4701908] ⇑ Voir aussiBibliographie
Articles connexesLiens externes
LicenceTexte très largement issu de l'article https://fr.wikipedia.org/wiki/Gratuit%C3%A9_des_transports_en_commun au 03 novembre 2015. Ci-dessous la carte des villes qui pratiquent partiellement le transport en commun sans le faire payer directement aux usagers (le financement est indirect : contribution obligatoire). Informations quelque peu anciennes et donc à vérifier et à sourcer. << Séchage de plantes | Pratique non marchande | Transport non-marchand >> |
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